Chronologie

samedi 17 novembre 2012 : Elise et Erwan se rencontrent lors du rassemblement de réoccupation où sont venues plus de 30 000 personnes.

lundi 19 novembre 2012 : Elise et Erwan, ou Camille à couettes et Camille à barbe, envisagent de se mettre nues devant les barricades pour tenter d’empêcher les gendarmes d’attaquer.

mardi 20 novembre 2012 : Les Camille à poil(s) arrivent très tôt sur la ZAD pour pouvoir se placer au bon endroit si les gendarmes mobiles arrivent. Mais comme ils ne viennent pas, les Camille à poil(s) improvisent une séance photos dans la forêt et cherchent d’autres Camille intéressé(e)s par leur proposition.

La violence des gendarmes lors de l’opération César qui a eu lieu un mois plus tôt pour vider la zone est encore très présente dans les esprits et le choix d’afficher la vulnérabilité ne semble pas pertinent à la plupart des Camille.

mercredi 21 novembre 2012 : Nouvelle tentative de faire face aux gendarmes qui ne viendront néanmoins pas encore ce jour là. Nouvelle séance photos, cette fois sur les barricades afin de matérialiser l’idée.


Les photos envoyées à la presse seront refusées sous prétexte qu’elles ne reflèteraient pas les évènements en cours sur la ZAD. L’histoire serait-elle écrite par les journalistes avant même que les faits se soient produits ?
Ce jour là, les Camille à poil(s) commencent à trouver d’autres Camille qui seraient prêtes à les rejoindre.

jeudi 22 novembre 2012 : Les jours passent et un activiste intéressé par l’idée s’est fait connaître. Il pourra accompagner Elise. Erwan envisage de reprendre la route. Il retourne à Nantes pour préparer son départ.

vendredi 23 novembre 2012 : plus de 500 gendarmes tentent de chasser les Camille de la ZAD. Camille à couettes va rechercher Camille à barbe à Nantes. Quand elles arrivent, les gendarmes bouclent déjà la zone. Camille à couettes et Camille à barbe avancent tant qu’elles le peuvent. Lorsqu’elles sont bloquées par le cordon que forment les gendarmes, prises au dépourvu, elles décident de se déshabiller et d’essayer tranquillement de passer, sans forcer le barrage. Quand les gendarmes reçoivent l’ordre de les embarquer, ils se placent derrière les Camille à poil(s) et les poussent avec leur bouclier. Ce sont bien les gendarmes qui sont à l’origine du contact, contrairement à ce que prétend le commandant de la compagnie qui dépose plainte. Les Camille à poil(s) décident de s’asseoir sur le sol, ce qui oblige les gendarmes à les porter s’ils veulent les emmener.

Arrivés au poste, les gendarmes enregistrent leur identité et leur remettent une convocation.



samedi 24 novembre 2012 : L’assaut des gendarmes se poursuit. Elise et Olivier, son époux, ont décidé d’emmener leurs enfants dans la forêt de Rohanne afin qu’il puissent voir et tenter de comprendre ce qui a perturbé leur quotidien ces derniers jours. Les gendarmes sont désarçonnés quand ils voient arriver des enfants et affirment qu’ils n’ont rien à faire là. Erwan leur répond que ce ne sont pas les enfants qui ne sont pas à leur place ce matin là et argumente en citant notamment le rapport de la MIES. Les enfants repartent ensuite discrètement avec leur père. Camille à couettes et Camille à barbe se préparent à une seconde action. Elles trouvent d’autres Camille prêtent à essayer d’avancer à quatre pattes presque nues vers les gendarmes pour rendre clairement visible la violence disproportionnée dont ils font usage. La version officielle de cette journée tente de criminaliser et de décrédibiliser les opposants.



Après avoir été gazées, elles vont se doucher et repartent vers Nantes. Elles participent à la manifestation qui y est organisée et se montrent torses nus avec l’inscription « ESPECE MENACEE ».

lundi 26 novembre 2012 : Camille à couettes et Camille à barbe répondent à la convocation qui leur a été adressée par les gendarmes. Ils veulent les inculper pour exhibitionnisme sexuel. Camille à couettes se laisse prendre au piège, ignorant qu’elle pourrait refuser cette qualification des faits. Elle accepte l’enregistrement de ses empreintes digitales, ainsi que le prélèvement de son ADN puisqu’elle sera désormais considérée et fichée comme délinquante sexuelle. Camille à barbe oppose son refus malgré les pressions exercées. Le procureur décident qu’elles seront convoquées à nouveau deux jours plus tard à la gendarmerie.

mercredi 28 novembre 2012 : Camille à couettes et Camille à barbe répondent une nouvelle fois à la convocation qui leur a été adressée. Le procureur a choisi d’abandonner les poursuites pour exhibitionnisme mais cherche à qualifier les faits en outrage. Camille à couettes et Camille à barbe demandent la définition de l’outrage et refusent cette qualification. Camille à couettes explique que son geste est poétique, et Camille à barbe parle de démarche artistique.


lundi 3 décembre 2012 : Erwan quitte la région Nantaise. Il prend du recul pour mieux réfléchir à la manière de réagir.

début janvier 2013 : Camille à barbe participe à la marche qui part de Lille pour rejoindre Notre-Dame-des-Landes et organise la mobilisation autour du procès.

du 25 janvier au 11 février 2013: Camille à barbe participe aux rencontres organisées un peu partout autour de Saint Nazaire.

mardi 12 février 2013: Camille à couettes et Camille à barbe sont convoquées à 14h au tribunal de Saint-Nazaire. Le soutien est au rendez-vous ! Corps dévêtus, peints, les gens chantent, dansent, rient, chahutent. Aucune interpellation malgré tous les CRS qui cernent le tribunal et qui filment les manifestants : la nudité dans l’espace public ou devant des représentants de l’autorité ne semble pas justifier la moindre arrestation, la moindre poursuite judiciaire. On en trouve un autre exemple au Testet où ce mode d’action a visiblement fait écho.
Plusieurs éléments montrent clairement qu’il s’agit d’un procès politique, bafouant ainsi le principe d’individualisation des peines.
Pendant le procès, le juge refuse le visionnage des deux vidéos qui montrent l’attitude des Camille à poil(s) et écartent clairement toute intention de porter atteinte à la dignité et au respect des gendarmes. Ces vidéos justifient pourtant la relaxe. L’une des vidéos a été portée au dossier par les gendarmes et rend ainsi inattaquable la seconde vidéo que nous avons fournie et que nous diffuserons si cela s’avère nécessaire. Pour le moment, seules trois images en ont été extraites pour publication sur internet, mais la vidéo a été montrée au cours de nombreuses réunions d’information.
On n’oubliera pas non plus que le juge n’a cessé de couper la parole à Hervé Kempf venu en tant que témoin de moralité. Il finira par accepter de lui accorder la parole sans interruption pendant cinq minutes, montre en main, affichant ostensiblement son désintérêt, et coupant la parole au milieu de la phrase à l’instant ou les cinq minutes furent écoulées. Quand il propose aux Camille à poil(s), puisque telle est la procédure, de prendre la parole avant de clore l’audience et que Camille à barbe dit vouloir s’exprimer, il le met en garde de ne pas saboter la défense mise en place par l’avocat. Bienveillance ou intimidation ? Le contexte ne laisse aucun doute.

mardi 5 mars 2013 : Camille à couettes et Camille à barbe sont condamnés à 15 jours de prison avec sursis. Elles interjettent appel.

22 février 2014 : Lors d’une manifestation à Nantes, trois personnes sont mutilées.

juin 2014 : Camille à barbe organise une caravane à vélo qui part de la Drôme et prend ainsi part aux convergences vers Notre-Dame-des-Landes pour le grand rassemblement des 5 et 6 juillet.

Nuit du 25 au 26 octobre 2014 : Lors d’un rassemblement sur la ZAD du Testet, Rémi Fraisse, 21 ans, est tué par un policier.

22 novembre 2014 : Nouvelle action des Kamyapoil à Nantes. Camille à barbe passe 24h en garde à vue.

Vidéo de l’action : http://youtu.be/4f2MVnPCgFo

7 janvier 2015 : Procès en appel à Rennes. De nombreuses propositions ont été faites pour le médiatiser afin de soulever la question des violences d’état et de la criminalisation des opposants, les atteintes portées à la liberté d’expression et de manifestation, mais la mobilisation n’est pas au rendez-vous. Quelques minutes après notre sortie du tribunal, l’attaque terroriste dans les locaux de Charlie Hebdo commence. La liberté d’expression est dans tous les journaux, et l’état se prétend être son fervent défenseur. Il part en guerre contre le terrorisme alors qu’il emprisonne, mutile et tue de simples opposants politiques.

Mi-janvier 2015 : Allô Charlie !

18 février 2015 : La relaxe est prononcée.  Peut-on s’en satisfaire ? Rien n’est moins sûr. L’état continue de piétiner la Liberté d’expression, de rassemblement, de manifestation. Les attentats qui viennent de se produire deviennent un excellent prétexte pour se donner les moyens de traquer les opposants politiques.

23 octobre 2015 : Première action du collectif Le peuple a l’œil ! qui a vu le jour à l’occasion du premier anniversaire de la mort de Rémi Fraisse. Il s’agit de reconstituer sous une forme théâtrale subversive les circonstances de cette tragédie en ciblant les différents maillons de la chaîne de responsabilité :

  • les entreprises qui fabriquent les armes qui mutilent et tuent
  • les flics qui les utilisent
  • les préfets et ministres qui donnent l’ordre de les utiliser
  • les témoins qui préfèrent relativiser, oublier.

En quelques heures seulement, la démonstration est faite que tous les moyens sont bons pour faire étouffer toute tentative de faire ressurgir cette affaire sensible.

27 octobre 2015 : Nouvelle action du collectif pour le dixième anniversaire de la mort de Zyed et Bouna, un autre crime politique passé sous silence.