Kamyapoil ?

« Kamyapoil » : vous souhaitez peut être des explications, alors voilà quelques éléments de réflexion.

L’action d’Elise et Erwan était initialement l’expression d’une sensibilité, d’une posture, à titre individuel. Il est très vite apparu clairement que les poursuites judiciaires n’étaient pas à l’encontre d’Elise et Erwan, mais qu’il s’agissait clairement de criminaliser toute forme d’opposition. D’ailleurs, le recours à la nudité n’entraîne habituellement pas de poursuites, tout au plus une interpellation pour un contrôle d’identité. L’affaire a donc rapidement pris un caractère politique, dès lors que le procureur a choisi de sanctionner pour l’exemple. Il est ainsi devenu évident qu’il fallait s’inscrire dans cette dynamique de lutte collective. Sur la ZAD, tout le monde s’appelle Camille pour d’une part préserver l’anonymat de celles et ceux qui en ont besoin pour pouvoir continuer à lutter, et d’autre part pour éviter que quelques personnalités fortes ne s’accaparent les enjeux et modes d’action de cette lutte contre l’aéroport et son monde.

Nous avons eu l’idée d’attirer l’attention non sur Elise mais uniquement sur ses couettes et pour Erwan sur sa barbe, ce qui permet de détourner l’attention de leur visage, de leur personne. Nous devenions alors, pour tout ce qui concerne cette affaire « Camille à couettes » et « Camille à barbe ». Les couettes et la barbe : voilà les poils des Camille à poil(s). On joue ainsi sur la polysémie de l’expression « à poil(s) », à prendre au sens propre ou dans l’usage qu’on en fait pour qualifier la nudité.

Mais pourquoi Camille ? On ne répondra à cette question que par quelques légendes rurales autant qu’urbaines. En voici une parmi d’autres.

Un jour, les gendarmes mobiles, les Playmobil en bleu, sont venus pour tenter d’imposer par la force un projet d’aéroport. Mais ils se sont très vite confrontés à une résistance qui s’est organisée autour d’un premier lieu : la Vache rit, ce grand hangar agricole transformé en cantine, free shop, maison médic, lieu de repos, de rencontre, de fête et d’organisation. Et comme on le sait, la vache qui rit est rouge. Tentez de mettre des Playmobil bleus sur le dos de la Vache rit qui commence à voir aussi rouge qu’un taureau, vous obtiendrez la vache violette Milka. Psychédélique ? Pas étonnant quand on se shoote à l’Ayrault-in. On à la tête à l’envers, on brouille les pistes, et Milka se lit aussi mille cas, ou Camille en verlan. Et oui, Camille à mille visages, milles personnalités très différentes, complémentaires. La folie douce pour endurer la dureté de la lutte. Et quitte à passer pour des junkies, autant vous livrer notre pensée avec humour :

Pour planer, pas d’avions, de l’herbe en quantité !

Comprenez que même si vous avez l’impression qu’on vous montre tout, qu’on vous dit tout, ni vous ni personne ne saurait définir autoritairement « Kamyapoil », pas plus que Camille. Vous n’en comprendrez que la partie que vous expérimenterez, ce qui ne suffira pas à en faire une vérité.